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Pourquoi installer un NAS chez soi ou en entreprise

Dans un monde où les données s’accumulent à une vitesse exponentielle, la question de leur stockage devient centrale. Entre les services de cloud grand public et les solutions locales comme les NAS, nombreux sont ceux qui s’interrogent sur la meilleure manière de conserver, sécuriser et partager leurs fichiers numériques. Si le grand public pense d’abord à Google Drive, Dropbox ou iCloud, une autre option, plus autonome et souvent plus économique à long terme, mérite l’attention : le NAS. Trois lettres qui cachent une technologie puissante, accessible, et de plus en plus prisée aussi bien par les particuliers que par les entreprises.

Le NAS, une boîte noire pas si obscure

L’acronyme NAS signifie Network Attached Storage, ce que l’on pourrait traduire par « stockage en réseau ». Concrètement, il s’agit d’un boîtier contenant un ou plusieurs disques durs, relié à votre réseau domestique ou professionnel, qui vous permet d’accéder à vos fichiers depuis n’importe quel appareil connecté, en local ou à distance. Imaginez un disque dur externe, mais partagé, intelligent, et capable de bien plus que du simple stockage.

Ce boîtier est en réalité un mini-serveur, souvent équipé de son propre système d’exploitation (Synology DSM, QNAP QTS, TrueNAS, etc.), d’un processeur, de mémoire vive, et parfois même de ports HDMI ou USB pour une utilisation multimédia. Il peut exécuter des applications, héberger des sites web, faire office de serveur de sauvegarde, de centre multimédia, voire de plateforme de vidéosurveillance.

Son installation est aujourd’hui à la portée de tous : quelques branchements, une configuration via interface web, et l’accès aux données est immédiat, depuis un PC, un smartphone, ou une tablette. De nombreux modèles offrent également un accès à distance chiffré, semblable à ce que propose le cloud, mais avec une gestion entièrement privée.

NAS vs cloud : une question de contrôle, de coût et de souveraineté

À première vue, les services cloud semblent plus simples. Ils sont préconfigurés, accessibles avec un simple identifiant, et largement intégrés aux écosystèmes des géants du numérique. Mais cette facilité d’usage cache souvent une réalité moins favorable aux utilisateurs soucieux de leur vie privée, de leurs dépenses ou de leur indépendance numérique.

Contrairement au cloud public, le NAS vous appartient. Vos données ne sont ni analysées ni stockées dans des centres de données situés à l’étranger. Vous contrôlez la totalité des flux, des accès, des sauvegardes. Ce niveau de contrôle est inégalé dans l’univers des offres cloud commerciales. Là où Google ou Apple peuvent modifier leurs conditions d’utilisation, suspendre un compte, ou limiter certaines fonctionnalités selon votre pays ou votre abonnement, le NAS reste fidèle et disponible, sans restriction, tant que votre infrastructure est fonctionnelle.

Sur le plan économique

Sur le plan économique, le comparatif est également éclairant. Les services cloud gratuits offrent généralement entre 5 et 15 Go d’espace. Dès que l’on souhaite stocker des fichiers lourds — comme des photos en RAW, des vidéos en 4K ou des bibliothèques musicales — l’abonnement devient vite incontournable.

À titre d’exemple, 2 To de stockage chez iCloud coûtent environ 9,99 € par mois. Cela représente 120 € par an, soit 600 € en cinq ans, sans que l’utilisateur ne possède ses disques. À l’inverse, un NAS d’entrée de gamme avec deux disques de 2 To chacun peut s’acquérir pour un prix équivalent à deux ou trois ans d’abonnement cloud, et servir pendant 8 à 10 ans avec un entretien minimal.

Il faut cependant nuancer cette comparaison en prenant en compte l’entretien matériel, la consommation électrique, et la nécessité éventuelle d’une redondance (RAID 1 ou RAID 5) pour éviter les pertes de données. Mais même en tenant compte de ces facteurs, l’investissement peut s’avérer rentable dès la troisième année, notamment pour les utilisateurs intensifs ou les structures professionnelles.

Des usages multiples et évolutifs

L’intérêt d’un NAS ne se limite pas à la simple sauvegarde. Grâce à son architecture proche de celle d’un serveur, il peut héberger un véritable écosystème numérique domestique ou d’entreprise. Les familles peuvent y centraliser les souvenirs photographiques, les films, les séries, les documents administratifs, tout en restreignant l’accès à certains contenus selon les profils.

Les professionnels, quant à eux, y trouveront un outil puissant de travail collaboratif. De nombreux NAS permettent de créer des comptes utilisateurs avec des droits personnalisés, d’activer des solutions de synchronisation automatique entre ordinateurs, ou encore de programmer des sauvegardes régulières vers d’autres périphériques ou vers des clouds hybrides (backups chez Amazon S3, Backblaze B2, etc.).

Les créateurs de contenu apprécieront les possibilités de streaming local et à distance, avec des applications capables de transcoder à la volée des vidéos lourdes. Les photographes, eux, bénéficieront de catalogues consultables à distance, de tri intelligent, voire d’outils de reconnaissance faciale embarqués dans certains modèles récents.

Mieux encore, certains NAS vont jusqu’à offrir des fonctions avancées dignes d’un datacenter : hébergement de machines virtuelles, Docker, bases de données, DNS privé, VPN intégré, gestion domotique, etc. Ces fonctions ne sont certes pas utiles à tous, mais elles prouvent la polyvalence d’un équipement bien souvent sous-estimé.

Des prix qui se démocratisent

Longtemps considérés comme chers et réservés aux technophiles, les NAS ont largement évolué ces dix dernières années. L’offre s’est diversifiée, et les prix sont devenus beaucoup plus accessibles, surtout pour les modèles à 1 ou 2 baies.

Aujourd’hui, on peut s’équiper d’un NAS Synology DS223 ou d’un QNAP TS-233 pour environ 180 € TTC, sans les disques. Pour un usage familial ou de TPE, ce type de modèle suffit amplement. Il faut y ajouter le prix des disques durs, en privilégiant des modèles conçus pour fonctionner 24h/24, comme les gammes WD Red ou Seagate IronWolf. Un disque de 4 To se négocie aux alentours de 90 €, soit environ 180 € pour une configuration en RAID 1.

Pour les usages plus avancés — plusieurs utilisateurs, services web, sauvegardes multi-sites — les prix montent, avec des modèles comme le Synology DS923+ ou le QNAP TS-464, dotés de quatre baies, de processeurs plus puissants, et d’extensions possibles (RAM, SSD NVMe, etc.). Ces modèles avoisinent les 500 € sans disques.

Enfin, pour les professionnels exigeants, certaines unités rackables ou tours très haut de gamme dépassent allègrement les 1000 €, mais remplacent plusieurs serveurs ou postes de travail par leur efficacité et leur modularité.

Les limites du NAS : pas sans compromis

Tout n’est cependant pas parfait dans le monde du NAS. L’autonomie et la souveraineté qu’il procure s’accompagnent de responsabilités. L’utilisateur devient son propre administrateur système. Il doit veiller aux mises à jour de sécurité, à la gestion des sauvegardes, à la température de fonctionnement, à l’accès réseau sécurisé.

De plus, un NAS reste un appareil physique. Il peut tomber en panne, être victime d’un sinistre (incendie, surtension, cambriolage) ou d’un ransomware s’il est mal protégé. Il convient donc de penser la sécurité de manière holistique : on-site (RAID), off-site (sauvegarde externe ou dans le cloud), et logicielle (antivirus, mises à jour, bonne gestion des droits).

L’accès à distance peut également poser problème dans certains environnements réseau (NAT, double routeur, box bridée). Heureusement, les constructeurs proposent des services facilitant la connexion à distance (QuickConnect chez Synology, myQNAPcloud, etc.), mais ces services ne sont pas toujours gratuits ou aussi rapides qu’un cloud grand public.

Une technologie qui s’inscrit dans les tendances actuelles

Le retour à une forme d’autonomie numérique n’est pas qu’un caprice de geek. Il reflète une tendance lourde de réappropriation des données. Dans un contexte de méfiance croissante envers les GAFAM, de scandales liés aux fuites de données, et de préoccupations environnementales, le NAS propose une alternative crédible, durable, et respectueuse de la vie privée.

Il répond aussi à des enjeux de souveraineté numérique, notamment pour les PME européennes qui ne souhaitent pas voir leurs documents hébergés outre-Atlantique, soumis au Cloud Act américain. Dans une Europe qui prône le RGPD et défend ses valeurs numériques, le NAS apparaît comme une brique technique cohérente, voire stratégique.

Par ailleurs, la consommation énergétique d’un NAS bien dimensionné reste modérée : autour de 10 à 30 W en fonctionnement selon les modèles, contre des centaines de watts pour des serveurs traditionnels. Couplé à des solutions solaires, il peut même devenir une alternative de stockage durable pour des zones isolées ou des foyers écoresponsables.

Avoir un NAS – Illustration Synology

Tableau récapitulatif : NAS vs Cloud public

CritèreNASCloud Public (Google Drive, iCloud, etc.)
Propriété des donnéesTotale, localeHébergement par un tiers
Accès aux fichiersLocal + à distance via config réseauÀ distance via compte utilisateur
ConfidentialitéForte (si bien configuré)Dépend du fournisseur
Coût sur 5 ans (2 To)Environ 400–600 € (achat unique + électricité)Environ 600 € (abonnement mensuel)
Capacité évolutiveTrès évolutive (disques remplaçables)Limitée par l’abonnement
Fonctions annexesNombreuses : hébergement web, serveur multimédia, sauvegardes, etc.Limitées selon l’offre
MaintenanceÀ la charge de l’utilisateurPrise en charge par le fournisseur
Risque de panne matérielleOui, nécessitant précautions (RAID, backup)Non, en théorie, mais dépendance totale au fournisseur
Sécurité à distanceBonne si bien configuréeBonne, mais dépend de la politique du fournisseur
Autonomie en cas de coupure internetPossible (accès local)Impossible
Tableau récapitulatif : NAS vs Cloud public

Un choix stratégique, pas uniquement technique

Choisir d’installer un NAS, c’est bien plus qu’une question de stockage. C’est une manière de reprendre le contrôle sur ses données, de s’affranchir des logiques commerciales des grands fournisseurs cloud, et de bâtir une infrastructure à sa mesure. C’est aussi faire le choix de la durabilité et de l’adaptabilité. Bien configuré, un NAS peut durer une décennie et s’adapter à l’évolution de vos usages numériques, là où le cloud vous enferme dans une logique d’abonnement infini.

Il n’est pas question ici d’opposer radicalement NAS et cloud. Les deux peuvent cohabiter. De nombreux utilisateurs mettent en place une solution hybride, combinant le confort du cloud pour les fichiers partagés et l’indépendance du NAS pour l’archivage sécurisé. Mais dans tous les cas, le NAS mérite sa place dans la réflexion sur la gestion des données au XXIe siècle.

Pour aller plus loin :

Solutions de stockage des fichiers vidéos et photos
TOP des meilleurs clouds pour enregistrer vos photos
Le Cloud pour Interconnecter ses Dispositifs Digitaux
Liste des innovations digitales attendues pour 2025
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Digital RP

Digital RP, ingénieur passionné par les produits digitaux et électroniques, je fais ce site pour vous présenter les principaux produits publics et donner des conseils sur leur usages.

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