Peut-on vraiment se passer d’un ordinateur en 2025 ?
Plongeons dans un monde où le numérique ne se limite plus à un seul écran posé sur un bureau. Depuis l’explosion des smartphones et des tablettes, le paysage des appareils informatiques a radicalement changé. Autrefois seul maître à bord, l’ordinateur est désormais en concurrence avec des appareils plus compacts, plus intuitifs, souvent mieux intégrés à la vie quotidienne. Mais cette évolution des usages suffit-elle à écarter le PC de notre quotidien en 2025 ? Et si oui, pour qui, dans quelles conditions, et jusqu’à quel point ?
La réponse, comme souvent, est plus nuancée qu’un simple oui ou non. Car l’ordinateur, loin d’avoir disparu, a surtout changé de rôle dans un environnement numérique devenu polymorphe.
Une bascule progressive amorcée dès les années 2010
La transition vers des usages mobiles a commencé avec l’explosion du smartphone dans les années 2010. Les iPhone, Android et tablettes ont progressivement supplanté l’ordinateur dans de nombreux foyers. Au départ, ils ne servaient qu’à compléter les usages numériques. Mais avec l’amélioration des performances, de la connectivité, des écrans et des applications, ces appareils ont fini par devenir centraux dans la vie numérique de millions de personnes.
Le pic de ventes de PC traditionnels a été atteint en 2011, selon IDC, avec plus de 365 millions d’unités vendues dans le monde. Ensuite, la courbe a connu une baisse progressive, remplacée par celle des smartphones qui ont dépassé le milliard d’unités annuelles dès 2013. Cette inversion des courbes ne signifiait pas la mort du PC, mais la montée en puissance de nouveaux usages.
Les usages grand public se sont affranchis du PC
Aujourd’hui, les applications mobiles couvrent pratiquement tous les besoins quotidiens. Réserver un billet de train, consulter ses comptes, commander à manger, envoyer des documents administratifs, discuter avec un médecin, participer à une visioconférence ou encore publier du contenu sur les réseaux sociaux sont des actions devenues naturelles depuis un mobile. Pour beaucoup, ces appareils ont complètement remplacé l’ordinateur, notamment chez les jeunes générations et dans les foyers modestes.
La tablette, elle, reste souvent un outil d’appoint. Très populaire dans les familles avec enfants ou chez les seniors, elle permet un usage confortable pour regarder des vidéos, lire la presse, suivre un cours en ligne ou échanger par visio. Couplée à un clavier et un stylet, elle devient même un outil d’apprentissage ou de travail léger, suffisant pour de nombreux étudiants ou télétravailleurs occasionnels.
Les limites d’une informatique mobile
Mais cette apparente autonomie du smartphone et de la tablette cache plusieurs limites. Dès que les usages deviennent complexes, créatifs ou professionnels, ces appareils montrent leurs faiblesses. L’ergonomie, la précision des interfaces, la gestion du multitâche ou encore la compatibilité avec certains formats de fichiers deviennent des obstacles récurrents.
Prenons l’exemple du traitement d’un document de 50 pages avec tableaux, images et corrections multiples. Ou encore l’organisation d’une base de données, le montage d’une vidéo 4K, le développement d’un site web, la gestion d’une architecture cloud ou la production musicale. Ces tâches exigent de la puissance de calcul, une interface précise, plusieurs fenêtres ouvertes en parallèle, et souvent des périphériques supplémentaires. Autant d’éléments encore absents ou limités sur les terminaux mobiles.
Une dépendance persistante dans le monde professionnel
Dans le monde du travail, l’ordinateur reste la norme. Qu’il s’agisse d’un laptop ou d’une station de travail, il reste le centre névralgique des fonctions productives. De l’administration aux métiers créatifs, en passant par le commerce, la technique ou la gestion, la majorité des outils professionnels fonctionnent en environnement Windows, macOS ou Linux. Les logiciels métiers, les systèmes d’information internes ou les plateformes cloud professionnelles nécessitent un appareil stable, puissant, extensible.
Selon une enquête menée par Statista en février 2025, plus de 82 % des salariés français équipés d’un poste informatique travaillent encore sur PC, contre seulement 9 % sur tablette et 6 % sur smartphone. Cette domination s’explique autant par l’infrastructure logicielle que par les besoins de productivité, la sécurité informatique, la gestion des droits utilisateurs et la possibilité d’administrer des flottes de machines à distance.
Les tentatives hybrides peinent à convaincre
Certains fabricants ont tenté de réconcilier les mondes : Samsung avec sa solution DeX, Microsoft avec ses tablettes Surface, ou encore Apple avec l’iPad Pro et le Magic Keyboard. Ces dispositifs permettent effectivement de simuler une expérience PC depuis une tablette ou un smartphone. Mais ces tentatives hybrides sont encore perçues comme des compromis.
La compatibilité logicielle, la stabilité des performances et la richesse fonctionnelle restent souvent en retrait. Un iPad Pro est puissant, mais il ne remplace pas un MacBook Pro pour du montage vidéo professionnel ou du développement. Une Galaxy Tab S9 Ultra permet d’écrire, mais reste inadaptée à un workflow complet avec tableur, navigateur, logiciel métier et gestionnaire de fichiers avancé.
Les différences d’usage selon les tranches d’âge
Les générations nées avant 1990 restent en majorité fidèles à l’ordinateur, notamment dans le cadre professionnel. Les trentenaires et quadragénaires jonglent souvent entre leurs outils mobiles et un ordinateur personnel ou professionnel. En revanche, chez les plus jeunes, le PC est souvent vécu comme un objet lointain, voire inutile.
Selon l’Observatoire du Numérique (France, avril 2025), 56 % des 15–24 ans utilisent exclusivement un smartphone pour leurs usages numériques hors cadre scolaire. Cette même étude révèle que seulement 18 % des foyers où les adultes ont moins de 30 ans possèdent un ordinateur personnel en plus de leurs smartphones.
Le poids des fabricants et des écosystèmes
Les constructeurs eux-mêmes ont accentué la dépendance aux appareils mobiles. Apple pousse toujours davantage l’intégration entre iPhone, iPad et services iCloud, rendant l’usage d’un Mac secondaire dans beaucoup de cas. Google mise sur Android, ChromeOS et les services Google Docs pour des usages 100 % web. Microsoft reste plus traditionnel, mais son offre cloud (OneDrive, Microsoft 365, Azure) rend la bascule vers d’autres terminaux théoriquement plus facile.
Toutefois, ces constructeurs entretiennent aussi un certain cloisonnement. Les formats de fichiers, les systèmes d’exploitation fermés et les applications propriétaires empêchent parfois un usage fluide entre appareils. Ce cloisonnement oblige les utilisateurs à rester dans un écosystème — ce qui renforce parfois le besoin de conserver un ordinateur pour certaines tâches spécifiques.
Et demain ? Le PC est-il condamné ?
À l’horizon 2030, plusieurs scénarios sont possibles. Dans les pays développés, le PC pourrait continuer à se recentrer sur des usages professionnels et spécialisés, devenant un outil de production réservé à des contextes définis. Dans les pays émergents, au contraire, les smartphones à écran pliant ou à projection holographique pourraient suffire à répondre à tous les besoins numériques d’un utilisateur.
Mais même avec les promesses de l’IA générative, des assistants contextuels et du cloud étendu, certaines tâches auront toujours besoin d’une interface claire, de stockage local, de contrôle précis et de puissance dédiée. Le PC pourrait devenir ce qu’est aujourd’hui l’imprimante : moins visible, moins centrale, mais toujours indispensable à certains moments.

Tableau récapitulatif des appareils numériques en 2025
Appareil | Usages principaux | Limites actuelles | Peut-il remplacer un ordinateur ? |
---|---|---|---|
Smartphone | Communication, navigation, messagerie, visio, réseaux sociaux, gestion personnelle | Écran trop petit, ergonomie de saisie réduite, multitâche limité, dépendance forte au cloud | Non, sauf pour des usages très simples |
Tablette | Lecture, vidéos, éducation, dessin, télétravail léger, bureautique légère | Interface tactile peu adaptée aux outils complexes, logiciels pro absents ou limités | Partiellement, selon les tâches et la tablette utilisée |
Ordinateur | Création de contenu, gestion lourde de données, bureautique avancée, production | Moins mobile, parfois coûteux, plus énergivore | Oui, et reste irremplaçable pour les usages professionnels |
Appareils hybrides | Format convertible, bonnes performances, usage mixte tablette/PC | Autonomie variable, compromis ergonomiques, logiciels parfois bridés | Oui, dans certains contextes professionnels ou étudiants |
Que retenir ?
L’ordinateur n’a pas disparu. Il a changé de fonction, s’est repositionné, s’est spécialisé. En 2025, on peut s’en passer dans de nombreux cas : pour lire, échanger, consommer du contenu, répondre à un mail, prendre des notes, remplir un formulaire, suivre une visioconférence ou même signer un document. Smartphone et tablette font tout cela très bien.
Mais dès que la précision, la rapidité, la puissance ou la compatibilité deviennent cruciales, l’ordinateur reprend le dessus. Il est encore le seul appareil qui combine puissance brute, confort d’usage prolongé, saisie rapide, compatibilité universelle et évolutivité technique. Il est aussi le seul qui ne dépend pas en permanence d’un service en ligne pour fonctionner à plein régime.
Ce n’est donc pas la fin de l’ordinateur, mais son recentrage. Il n’est plus l’outil universel, mais l’outil essentiel dans un écosystème numérique qui s’est élargi. Et à ce titre, il reste indispensable pour tous ceux qui veulent produire plutôt que seulement consommer.
Sources
– Médiamétrie, « Les usages numériques des Français en 2025 », rapport de mars 2025
– Statista, « Répartition des équipements informatiques dans les entreprises françaises », février 2025
– Samsung, documentation officielle sur Samsung DeX (consulté en juin 2025)
– Apple, présentation technique iPad Pro M4, site officiel, avril 2025
– Adobe, spécifications système recommandées pour Premiere Pro, version 2025
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