Les plateformes de streaming
Regarder un film en 4K, suivre une série en HD ou se perdre dans un flux de vidéos courtes sur mobile : autant d’activités devenues quotidiennes, mais dont l’impact en matière de consommation de données reste souvent invisible. Pourtant, à l’ère des forfaits mobiles capés, du Wi-Fi partagé et d’une attention croissante à la sobriété numérique, la question mérite d’être posée : quelles plateformes de streaming consomment le moins de données ?
Entre codecs, bitrates, résolutions et stratégies techniques, l’écart peut être considérable entre deux services pourtant perçus comme équivalents. Cet article propose un décryptage complet et comparatif des plus grands noms du streaming vidéo en 2025.
La consommation de données d’une vidéo ne dépend pas uniquement de sa résolution. Une vidéo en 1080p peut consommer trois fois plus de données qu’une autre en 1080p si les paramètres de compression diffèrent. Le codec vidéo utilisé – c’est-à-dire l’algorithme qui compresse et décompresse le flux – joue un rôle majeur. Les codecs modernes comme H.265/HEVC ou AV1 permettent une bien meilleure compression que les anciens comme H.264. YouTube, par exemple, utilise désormais massivement VP9 ou AV1, tandis que Netflix propose AV1 pour certains appareils récents. Plus le codec est efficace, moins il faut de données pour un même rendu visuel.
Autre facteur important : le bitrate, ou débit binaire. Il s’agit du volume de données transmises par seconde. Une vidéo en Full HD peut être encodée à 2 Mbps, 4 Mbps ou même 8 Mbps, ce qui entraîne des consommations radicalement différentes. Certains services comme Apple TV+ misent sur une qualité d’image élevée, avec peu de compression et donc un débit plus important. D’autres, comme YouTube, privilégient une compression maximale pour faciliter le visionnage sur réseaux faibles.
Enfin, la plateforme utilisée (application mobile, site web, TV connectée) influe aussi. Une vidéo regardée sur un smartphone via une application optimisée peut consommer moins qu’un flux lancé dans un navigateur peu efficient.
Avant de plonger dans le comparatif, il est utile de rappeler que le streaming vidéo a connu plusieurs grandes révolutions techniques. Dans les années 2000, des lecteurs comme RealPlayer ou Windows Media Player proposaient des flux extrêmement bas débit, parfois en dessous de 240p. Avec l’avènement de YouTube en 2005, la vidéo sur internet se démocratise, mais la consommation reste encore modeste. C’est l’arrivée de la HD (720p, puis 1080p) et surtout de la 4K qui a fait exploser la bande passante.
Parallèlement, les codecs ont évolué : H.263 au début, puis H.264 qui devient le standard mondial. Ensuite, H.265/HEVC voit le jour, mais reste limité par des problèmes de brevets. Google développe VP9, puis l’industrie crée AV1, libre de droits, soutenu par l’Alliance for Open Media (Netflix, Google, Amazon, Microsoft, Apple…). En 2025, AV1 s’impose peu à peu, notamment sur les smartphones Android et certains téléviseurs.
Chaque plateforme a sa propre stratégie, liée à ses priorités techniques, à son modèle économique, ou à son infrastructure.
Youtube est sans conteste l’une des plateformes les plus optimisées. Grâce à VP9 et AV1, la compression est très poussée. Une vidéo en 1080p ne consomme que 1,2 Go par heure en moyenne, contre plus du double sur d’autres services. Le codec est adapté dynamiquement selon l’appareil, et l’utilisateur peut choisir manuellement la résolution ou laisser YouTube s’adapter automatiquement à la bande passante disponible.
Netflix, leader incontesté du streaming mondial, privilégie la qualité d’image, notamment sur ses contenus 4K HDR. Le service utilise encore H.264 pour une partie de ses utilisateurs, bien que HEVC et AV1 soient de plus en plus proposés sur les téléviseurs récents et les appareils Android. Le débit en 1080p dépasse souvent les 3 Mbps, ce qui représente plus de 3 Go/heure. En 4K, la consommation monte à plus de 7 Go/heure, malgré les optimisations.
Prime Vidéo se situe entre les deux. Moins agressif que Netflix sur la qualité, mais plus compressé que Disney+, le service d’Amazon affiche une consommation moyenne d’environ 2,4 Go/heure en Full HD et 6 Go en 4K. Il propose également le codec AV1 sur certaines plateformes, mais son adoption est plus lente.
Diney+, quant à lui, mise sur des flux très peu compressés pour ses contenus premium (Marvel, Star Wars, Pixar), surtout en 4K HDR. C’est l’un des services les plus gourmands en bande passante, souvent au-dessus de 7 Go/heure en UHD. Le codec utilisé est le HEVC, sans AV1 à ce jour.
Apple TV+ adopte une politique équilibrée. Grâce à l’écosystème fermé d’Apple, le service peut exploiter efficacement le codec HEVC, y compris sur mobile. Résultat : une qualité visuelle excellente pour une consommation modérée, souvent inférieure à celle de Netflix à résolution équivalente.
D’autres services comme Canal+ (via myCanal), Arte.tv, ou Crunchyroll ont des politiques variables. Arte est très sobre et propose même des flux très légers en 480p ou des contenus uniquement audio. Canal+ adopte une logique proche de Prime Video, tandis que Crunchyroll, spécialisé dans l’animation, propose des résolutions modérées (720p ou 1080p) à des bitrates assez raisonnables.
Plateforme | 480p (SD) | 720p (HD) | 1080p (Full HD) | 4K / UHD (HDR) |
---|---|---|---|---|
YouTube | ~300 Mo | ~700 Mo | ~1,2 Go | ~2,5 Go |
Netflix | ~300 Mo | ~900 Mo | ~3 Go | ~7 Go |
Prime Video | ~400 Mo | ~1 Go | ~2,4 Go | ~6 Go |
Disney+ | ~450 Mo | ~1,1 Go | ~2,8 Go | ~7,5 Go |
Apple TV+ | ~350 Mo | ~850 Mo | ~2,2 Go | ~5,5 Go |
Canal+ (MyCanal) | ~400 Mo | ~900 Mo | ~2,6 Go | ~6,5 Go |
Arte.tv | ~250 Mo | ~600 Mo | ~1,8 Go | N/A |
Crunchyroll | ~350 Mo | ~800 Mo | ~2 Go | ~4,5 Go |
Un même film regardé sur une TV connectée 4K et sur un smartphone Android de milieu de gamme n’aura pas du tout le même impact. Sur smartphone, les applications optimisent souvent le codec et le débit pour préserver la batterie et les données. Netflix, par exemple, propose des flux H.264 très compressés en mobilité. Sur une smart TV, le même film en 4K HDR sera transmis en HEVC avec un débit bien plus élevé.
Naviguer via un navigateur web est également moins efficace qu’utiliser une application dédiée. Chrome ou Firefox peuvent forcer l’usage de codecs plus anciens (VP8, H.264), alors qu’une app YouTube sur Android utilisera AV1. Le système d’exploitation influe aussi : Android 14, Windows 11 ou tvOS 17 gèrent bien AV1 et HEVC, contrairement à des systèmes plus anciens.
Le téléchargement présente un avantage : une seule session de transfert, et une consommation figée. Si vous regardez plusieurs fois un épisode téléchargé, vous économisez à chaque visionnage. En streaming, même en local sur le même réseau Wi-Fi, les flux sont renvoyés en temps réel, parfois réencodés, ce qui multiplie les échanges.
Netflix, Prime et Disney+ proposent tous un mode « téléchargement », avec une gestion automatique de la qualité. Le téléchargement peut être optimisé différemment du streaming : par exemple, Netflix peut encoder un épisode en mode mobile avec une qualité adaptée, consommant ainsi moins de 200 Mo pour un épisode de 45 minutes.
La consommation de données n’est pas neutre sur le plan environnemental. Un gigaoctet transféré correspond à une consommation électrique réelle, dans les centres de données, les équipements réseau, et sur les appareils utilisateurs. Une étude de The Shift Project estimait qu’en 2019, la vidéo en ligne représentait plus de 60 % du trafic internet mondial et plus de 300 millions de tonnes de CO₂ par an, soit autant que les émissions annuelles de l’Espagne.
Le streaming est particulièrement énergivore lorsqu’il est consommé sur réseau mobile, ou dans des formats très compressés diffusés en 4K. Les plateformes commencent à en tenir compte. YouTube offre un « mode éco », Arte.tv propose l’écoute audio seule pour certains contenus, et Netflix développe des flux encore plus efficients.
Le premier réflexe à adopter est de baisser la résolution si la qualité visuelle n’est pas prioritaire. Sur smartphone, du 720p est souvent suffisant. Ensuite, privilégier les applications plutôt que les navigateurs, utiliser les modes « économie de données » quand disponibles, et télécharger les vidéos lorsque cela est possible.
Sur Android, les versions récentes permettent de forcer l’usage de codecs plus modernes (AV1), et même de bloquer les vidéos en 4K. Apple propose aussi des réglages réseau dans les Réglages iOS.
Toutes les plateformes de streaming ne se valent pas en matière de consommation de données. Si l’on cherche la sobriété numérique ou simplement à préserver son forfait mobile, YouTube, Arte.tv et Apple TV+ sont les plus sobres grâce à des choix techniques judicieux et des flux compressés sans perte excessive de qualité. À l’inverse, Disney+ et Netflix, très exigeants sur la qualité visuelle, génèrent une consommation nettement plus élevée, surtout en 4K HDR.
Mais au-delà des chiffres, c’est l’usage qui détermine l’impact réel. Sur smartphone avec un forfait limité, il vaut mieux éviter les contenus UHD. Sur téléviseur connecté avec une fibre illimitée, la problématique se pose moins. Reste que dans un contexte de transition écologique et de sobriété numérique, mieux connaître les rouages techniques des plateformes permet de faire des choix plus éclairés, plus responsables… et parfois aussi plus économiques.
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