Smartphone vs Micro-ondes : qui émet le plus d’ondes ?
Les ondes électromagnétiques au cœur des peurs modernes
L’omniprésence du smartphone dans notre quotidien soulève régulièrement des interrogations, notamment sur les ondes électromagnétiques qu’il émet. En parallèle, le four à micro-ondes – que l’on retrouve dans toutes les cuisines – a lui aussi longtemps été accusé d’être dangereux. Puisque les deux fonctionnent avec des fréquences proches, la question se pose : le smartphone est-il plus dangereux qu’un four à micro-ondes ?
Cette comparaison étonne, mais elle revient souvent sur les forums et dans les recherches en ligne. Beaucoup d’internautes tapent “ondes smartphone vs micro-ondes” ou “mon téléphone est-il cancérigène ?” sur Google. Cette inquiétude collective est alimentée par des vidéos virales, des rapports médicaux mal interprétés, et une incompréhension de ce que sont réellement les ondes électromagnétiques.
Pourquoi les gens s’inquiètent-ils autant des ondes du téléphone portable ?
Dès les années 1990, la question de la dangerosité des téléphones portables est posée. À l’époque, peu d’études existaient sur les effets à long terme des radiofréquences (RF). L’apparition des antennes-relais dans les villes a aussi alimenté la peur d’une “pollution électromagnétique” invisible mais omniprésente.
Ce sentiment a été renforcé en 2011, lorsque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), rattaché à l’OMS, a classé les ondes RF dans la catégorie “peut-être cancérogène pour l’homme” (groupe 2B). Or, ce même groupe contient le café, les légumes marinés ou les gaz d’échappement. Cela signifie que la preuve est insuffisante pour trancher, mais que le risque ne peut pas être exclu.
Le four à micro-ondes, lui, souffre d’une image négative depuis longtemps. Il chauffe très rapidement les aliments grâce aux ondes, ce qui a parfois été associé à une “altération” de la structure moléculaire. Si l’on ajoute à cela le fait qu’il utilise une fréquence proche de la 4G ou de la 5G (2,45 GHz), certains en concluent que le smartphone pourrait avoir les mêmes effets… sur le cerveau.
Smartphone et micro-ondes : deux appareils, une même fréquence ?
Il est vrai que les fréquences utilisées par les smartphones et les micro-ondes se chevauchent. Les fours domestiques utilisent une fréquence fixe de 2,45 GHz, qui correspond à l’agitation des molécules d’eau. Les smartphones, eux, émettent selon les bandes 4G/5G entre 700 MHz et 3,5 GHz, parfois plus dans certaines bandes millimétriques.
Cela suffit à entretenir une confusion : si le micro-ondes chauffe grâce aux ondes, alors le téléphone aussi ? En réalité, la fréquence ne fait pas tout. Deux éléments majeurs les différencient :
- La puissance d’émission : un four micro-ondes délivre environ 800 à 1 200 watts, alors qu’un smartphone émet entre 0,1 et 2 watts maximum.
- La distance à l’utilisateur : le smartphone est souvent contre la tête, dans la poche ou à la main. Le four à micro-ondes, lui, est utilisé à plusieurs dizaines de centimètres de distance, dans une enceinte blindée métallique conçue pour empêcher toute fuite d’ondes.
DAS, rayonnement et absorption : comment évaluer le danger réel ?
Pour mesurer l’exposition réelle du corps humain aux ondes d’un smartphone, on utilise un indicateur : le DAS (débit d’absorption spécifique), exprimé en watts par kilogramme (W/kg). Il indique combien d’énergie est absorbée par les tissus humains lorsque le téléphone est utilisé à proximité du corps.
En France et en Europe, la limite légale est de 2 W/kg pour la tête et le tronc et 4 W/kg pour les membres. La majorité des smartphones récents affichent un DAS compris entre 0,4 et 1,8 W/kg, ce qui reste conforme à la réglementation.
À l’inverse, le four à micro-ondes ne nécessite pas de mesure DAS, car il est censé ne pas exposer l’utilisateur. Sa conception empêche la fuite des ondes. Des grilles métalliques très fines (à mailles inférieures à la longueur d’onde utilisée) bloquent efficacement les radiations. Tant que l’appareil est en bon état (porte bien fermée, pas de fissure), aucune fuite significative d’ondes n’est détectée.
Les effets biologiques des ondes : que dit la science ?
La science distingue deux types d’effets liés aux ondes électromagnétiques :
- Les effets thermiques : ils apparaissent lorsqu’un tissu absorbe suffisamment d’énergie pour que sa température augmente. C’est le principe même du four à micro-ondes.
- Les effets non thermiques : plus subtils, ils font encore débat. Ils incluent par exemple des impacts sur la perméabilité de la barrière hémato-encéphalique, des modifications de l’expression génétique ou encore une influence sur la fertilité.
Dans le cas du smartphone, aucun effet thermique notable n’est observé dans les conditions normales d’usage. Le seul réchauffement possible serait local, très faible, et largement inférieur à 1°C. Les études qui montrent des effets biologiques non thermiques ont souvent été réalisées dans des conditions extrêmes, difficilement comparables à une utilisation classique.
Quant au four à micro-ondes, le danger principal est thermique, mais uniquement pour les aliments ou les objets placés à l’intérieur. En utilisation normale, l’utilisateur est parfaitement protégé.

Comparaison technique : tableau récapitulatif entre smartphone et micro-ondes
Critère | Smartphone | Four à micro-ondes |
---|---|---|
Fréquence d’émission | 700 MHz à 3,5 GHz (4G/5G) | 2,45 GHz |
Puissance d’émission | 0,25 à 2 W | 800 à 1 200 W |
Distance à l’utilisateur | Très proche (tête, main, poche) | Éloignée + enceinte blindée |
DAS (absorption par le corps) | Jusqu’à 2 W/kg (limite réglementaire) | Non mesurable, car pas d’exposition prévue |
Type de risque | Biologique potentiel (effet non thermique ?) | Risque thermique en cas d’usage anormal |
Effets scientifiquement prouvés | Aucun effet grave avéré à ce jour | Aucun effet sur la santé si utilisé correctement |
Normes de sécurité | DAS réglementé, recommandations de précaution | Conformité CE, grille métallique protectrice |
Risque en utilisation normale | Très faible | Nul |
La perception du danger : entre anxiété et confusion technique
Pourquoi alors autant de craintes autour des ondes du smartphone ? En réalité, la crainte du rayonnement invisible est fortement ancrée dans l’imaginaire collectif. Les mots “ondes”, “radiations” ou “micro-ondes” évoquent spontanément des images de danger, de cancer ou de maladies, souvent alimentées par des récits ou des témoignages.
Les réseaux sociaux jouent un rôle important dans la diffusion de fausses informations ou de théories anxiogènes sur les antennes 5G ou les smartphones “qui grillent le cerveau”. Dans certains cas, cela se traduit par une méfiance extrême, voire un rejet de toute technologie sans fil. Pourtant, ces craintes ne reposent pas, à ce jour, sur des preuves scientifiques solides.
Les autorités sanitaires recommandent toutefois d’adopter un principe de précaution, notamment chez les enfants, qui peuvent être plus sensibles car leur cerveau est encore en développement. L’usage d’un kit mains libres, le fait d’éviter de téléphoner pendant de longues périodes avec l’appareil collé à l’oreille, ou encore de ne pas dormir avec son téléphone sous l’oreiller, sont des gestes simples à adopter.
Faut-il avoir peur des ondes des smartphones ?
Non, les smartphones n’émettent pas des ondes aussi puissantes que les fours à micro-ondes, et ils n’ont pas la capacité de “cuire” les tissus humains. Leur puissance est limitée, leur rayonnement est surveillé, et les normes sont strictes. Mais cela ne signifie pas qu’il faut tout accepter les yeux fermés.
La prudence reste de mise, non pas parce qu’un danger est avéré, mais parce que l’exposition est massive et prolongée sur le long terme, ce qui justifie la recherche constante et les mises à jour réglementaires. L’utilisation d’un smartphone ne doit pas être source d’angoisse, mais d’information : mieux comprendre pour mieux utiliser.
Que retenir ?
Le smartphone et le four à micro-ondes utilisent des ondes similaires en fréquence, mais ils diffèrent totalement par leur puissance, leur usage et leur impact sur la santé. Le smartphone est conçu pour communiquer et émet très peu d’ondes, mais à proximité immédiate du corps. Le micro-ondes est bien plus puissant, mais son rayonnement est confiné dans une enceinte blindée, rendant son usage sans danger tant qu’il est en bon état.
Aujourd’hui, aucune étude sérieuse ne prouve que le smartphone cause des maladies graves dans le cadre d’une utilisation normale. Le micro-ondes, lui, reste sûr, à condition de respecter les consignes d’usage.
Sources
- OMS – Projet international CEM : https://www.who.int/peh-emf/project/en/
- CIRC – Classification des radiofréquences : https://monographs.iarc.fr/wp-content/uploads/2018/06/mono102.pdf
- FDA – Avis sur les téléphones portables : https://www.fda.gov/radiation-emitting-products/cell-phones/do-cell-phones-pose-health-hazard
- ICNIRP – Normes internationales : https://www.icnirp.org
- ANSES – Rapport sur la 5G et les ondes : https://www.anses.fr/fr/system/files/AP2012sa0150.pdf
- Wikipedia – DAS et four à micro-ondes : https://fr.wikipedia.org/wiki/DAS
- Frontiers – Review scientifique sur les RF : https://www.frontiersin.org/articles/10.3389/fpubh.2022.1085821/full
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