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L’ère des hologrammes : nos écrans seront tridimensionnels

L’écran à l’épreuve du relief

Depuis l’apparition de la télévision au milieu du XXe siècle, nos écrans n’ont cessé d’évoluer : plus grands, plus fins, plus lumineux, plus connectés. Mais malgré ces progrès, ils ont toujours partagé une même limite : l’aplatissement du réel. L’image, aussi précise soit-elle, reste confinée dans deux dimensions. Pourtant, à l’heure où le numérique bouleverse tous les usages, une nouvelle promesse se dessine : celle des hologrammes.
Des concerts où des artistes disparus réapparaissent sur scène, aux prototypes de smartphones capables de projeter des images en volume, les signaux faibles s’accumulent. Derrière eux, une question simple mais vertigineuse : vivons-nous les premiers instants de l’ère des écrans tridimensionnels ?

L’holographie, une vieille idée remise au goût du jour

L’holographie n’est pas née avec la science-fiction ni avec les promesses de la Silicon Valley. Elle remonte à 1947, lorsque le physicien Dennis Gabor met au point le principe d’enregistrement d’une image en trois dimensions grâce aux interférences lumineuses. Son invention, qui lui vaudra un prix Nobel en 1971, repose sur une idée simple : capter non seulement l’intensité d’un faisceau lumineux, mais aussi sa phase.

Avec l’arrivée des lasers dans les années 1960, les premiers hologrammes se matérialisent, impressionnant par leur réalisme, mais restent confinés aux laboratoires et aux musées. Pendant longtemps, la technique s’avère trop coûteuse, trop complexe, et trop instable pour envisager un usage grand public.
Il faut attendre le début du XXIe siècle pour que l’informatique, les capteurs optiques et la miniaturisation électronique redonnent vie à ce rêve : rendre l’holographie accessible à tous, sur scène, dans nos salons et peut-être bientôt dans nos poches.

De Tupac à ABBA : l’hologramme comme spectacle

Si l’holographie fait encore débat sur sa définition technique exacte, c’est dans le divertissement qu’elle a déjà marqué les esprits. En 2012, le festival de Coachella crée l’événement en projetant un « hologramme » du rappeur Tupac Shakur, assassiné en 1996. L’illusion est saisissante : l’artiste semble marcher sur scène, interagir avec ses pairs, et rapper face à des milliers de spectateurs incrédules.

Depuis, d’autres initiatives ont prolongé cette idée. En 2019, ABBA officialise une tournée où les quatre membres apparaissent sous forme d’avatars numériques en 3D, tandis que des musiciens jouent en direct. D’autres spectacles, conférences et salons professionnels se sont emparés de ces technologies, souvent basées sur des procédés d’illusion optique hérités du « Pepper’s Ghost », inventé au XIXe siècle.
L’hologramme se révèle alors non seulement comme un gadget spectaculaire, mais comme un nouveau langage scénique, capable de brouiller les frontières entre réel et virtuel.

Hologrammes politiques et médiatiques : la présence démultipliée

Au-delà du divertissement, l’hologramme s’invite aussi dans la communication politique et médiatique. En 2017, Jean-Luc Mélenchon surprend en animant un meeting simultanément à Lyon et à Paris grâce à un dispositif de projection holographique. La performance, largement relayée par les médias, illustre la capacité de la technologie à abolir la distance et à démultiplier la présence d’un orateur.

Des dirigeants en Inde, en Turquie ou encore aux Philippines ont également eu recours à cette innovation. Elle ouvre la voie à une nouvelle manière d’incarner le discours public : un candidat peut se « téléporter » devant plusieurs foules en même temps, un PDG peut s’exprimer en direct dans différents pays, et demain, un professeur pourrait donner un cours magistral simultanément dans des dizaines d’amphithéâtres.
L’hologramme n’est alors plus un simple effet visuel, mais un outil stratégique de diffusion et de persuasion.

Les technologies derrière les hologrammes

Derrière le terme « hologramme » se cache une diversité de technologies, souvent confondues dans l’usage courant. On distingue notamment :

TechnologiePrincipeUsage actuelLimitesPerspectives
Holographie laserEnregistrement et restitution de la phase lumineuseMusées, expériences scientifiquesCoût élevé, matériel encombrantRéalisme inégalé si miniaturisation réussie
Projection Pepper’s GhostRéflexion d’images sur une surface transparenteSpectacles, musées, événementsIllusion dépendante de l’angle de vueFacile à déployer, déjà utilisé en masse
Volumétrie LEDProjection d’images animées sur un support semi-transparent ou dans un cubePrésentations produits, salonsRésolution limitéeÉvolue vers des affichages plus nets
Affichage holographique sur smartphoneUtilisation de filtres optiques et lentilles spéciales pour créer du reliefPrototypes, gadgetsChamp de vision restreintAttente d’écrans holographiques portables
Holographie numérique interactiveCalcul en temps réel d’images 3DRecherche médicale, designBesoin de forte puissance de calculGrand potentiel avec l’IA et le cloud
Les technologies derrière les hologrammes

Quand l’industrie s’en empare : Apple, Samsung, Sony et les autres

Les géants de la tech ne restent pas indifférents à la perspective d’un monde où les écrans 3D seraient monnaie courante. Apple a multiplié les brevets liés à des interfaces holographiques capables de projeter des icônes en volume, manipulables sans toucher l’écran. Samsung a dévoilé des prototypes de smartphones dotés de projecteurs holographiques, tandis que Sony mise sur des dispositifs destinés à l’événementiel et au marketing.

Parallèlement, des start-up spécialisées, comme Looking Glass Factory, développent des écrans qui permettent de voir des objets en 3D sans lunettes ni casque, ouvrant la voie à des usages professionnels dans le design, l’architecture ou la formation médicale.
L’hologramme devient alors un champ d’expérimentation stratégique, où chaque acteur espère être le premier à transformer la science-fiction en produit de masse.

Médecine, éducation, commerce : les usages concrets des hologrammes

Si les concerts et la politique font rêver, c’est dans des domaines plus pratiques que l’holographie pourrait bouleverser nos vies.
En médecine, des chirurgiens expérimentent déjà la visualisation holographique d’organes ou de scanners 3D pour préparer une opération. Les étudiants en anatomie peuvent manipuler un cœur ou un cerveau virtuel en trois dimensions, sans dépendre de dissections limitées.

Dans l’éducation, l’hologramme permettrait de rendre des cours plus immersifs : imaginer un professeur d’histoire projetant une reconstitution d’une ville antique autour de ses élèves, ou un enseignant de sciences donnant à voir la structure moléculaire d’une protéine en relief.
Le commerce n’est pas en reste : des enseignes testent des mannequins holographiques interactifs pour présenter des vêtements, des bijoux ou des voitures, transformant le point de vente en une scène futuriste où le produit s’anime sous nos yeux.

Les hologrammes – Illustration Science et Vie

L’hologramme face à la réalité augmentée et virtuelle

Pour comprendre l’avenir des écrans holographiques, il faut les comparer aux deux grandes technologies immersives déjà présentes : la réalité augmentée (AR) et la réalité virtuelle (VR).
La VR plonge l’utilisateur dans un monde totalement artificiel via un casque. L’AR, elle, superpose des éléments numériques au réel, comme avec les lunettes HoloLens de Microsoft. L’holographie se distingue en créant une image tridimensionnelle visible à l’œil nu, sans équipement spécifique.

Ce positionnement est crucial : contrairement aux casques VR, l’hologramme ne coupe pas l’utilisateur de son environnement, et contrairement à l’AR, il ne dépend pas forcément d’un écran porté sur le visage. C’est une technologie de partage collectif, qui peut transformer un espace entier sans nécessiter de dispositif individuel.

Les défis techniques et énergétiques

Malgré son potentiel, l’holographie fait face à d’importants défis. La restitution en 3D d’images réalistes demande une puissance de calcul considérable, notamment lorsqu’il s’agit de les générer en temps réel. Cela implique des processeurs spécialisés, une bande passante élevée et des algorithmes optimisés.

De plus, la consommation énergétique d’un affichage volumétrique peut rapidement exploser, ce qui freine son adoption dans des appareils mobiles. Les ingénieurs travaillent sur des solutions hybrides, combinant intelligence artificielle et rendu partiellement simulé pour alléger la charge de calcul.
Enfin, la qualité visuelle reste un obstacle : de nombreux hologrammes actuels souffrent de scintillements, de faible luminosité ou de zones floues selon l’angle de vue. Passer du prototype impressionnant au produit quotidien demande encore plusieurs sauts technologiques.

L’hologramme dans la culture numérique et l’imaginaire collectif

Si l’holographie fascine autant, c’est aussi parce qu’elle est profondément ancrée dans notre imaginaire. Depuis les messages holographiques de Star Wars dans les années 1970 jusqu’aux univers de science-fiction contemporains, l’hologramme incarne une vision futuriste de la communication.
Ce symbole agit comme une prophétie autoréalisatrice : parce que nous l’avons rêvé et mis en scène, les ingénieurs et designers cherchent à le concrétiser. L’hologramme ne se contente pas d’être une technologie en devenir ; il est aussi un horizon culturel, une promesse de futur tangible.

Que retenir ?

L’ère des hologrammes s’annonce comme une nouvelle étape dans l’histoire des écrans. Longtemps cantonnée aux laboratoires et aux illusions de scène, l’holographie se rapproche peu à peu de nos usages quotidiens. Derrière les concerts spectaculaires et les meetings politiques se dessine une révolution plus profonde : transformer notre rapport à l’image, à l’enseignement, au commerce et à la communication.
Pour autant, la route reste semée d’embûches : la puissance de calcul, la qualité visuelle et la consommation énergétique sont encore des freins majeurs. Mais à mesure que l’intelligence artificielle, les processeurs et les optiques progressent, ces limites pourraient s’effacer.

Demain, nos écrans plats pourraient céder la place à des surfaces où les images flottent dans l’air, accessibles à plusieurs regards, sans casque ni lunettes. Ce basculement ne sera pas seulement technique, mais aussi culturel : il changera notre manière de travailler, de nous divertir, d’apprendre et de nous souvenir.
L’hologramme, longtemps fantasme de science-fiction, devient une réalité en construction. La vraie question n’est plus de savoir si cette ère viendra, mais quand et sous quelle forme elle s’imposera. Une chose est sûre : après l’écran plat et l’écran tactile, le prochain chapitre sera celui de l’écran tridimensionnel.

Pour aller plus loin :

Le Format des films 3D est-il finit au cinéma
Les miroirs connectés : quand le reflet devient interactif
Les futures lunettes connectées Orion de Meta
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Digital RP

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