Batteries lithium vs solides: révolution ou simple évolution
Depuis plus de trente ans, la batterie lithium-ion domine nos appareils électroniques et nos moyens de transport. Du smartphone à la caméra d’action, de l’ordinateur portable à la voiture électrique, elle est devenue un standard incontournable. Pourtant, une nouvelle génération attire de plus en plus l’attention : la batterie solide. Elle est annoncée comme plus sûre, plus durable et plus performante. Mais entre l’enthousiasme de la recherche et la réalité de la production, quel est le véritable état des lieux ?
La batterie lithium-ion, une technologie mature
Commercialisée au début des années 1990, la batterie lithium-ion a rapidement supplanté les anciennes solutions nickel-cadmium et nickel-métal-hydrure. Son succès repose sur une densité énergétique élevée et un coût de fabrication qui a progressivement diminué, au point de devenir compétitif pour le grand public comme pour l’industrie. Son fonctionnement repose sur un électrolyte liquide qui permet aux ions de lithium de circuler entre l’anode et la cathode.
Ce système, bien qu’efficace, souffre d’un défaut majeur : la présence d’un liquide inflammable qui peut entraîner un emballement thermique en cas de surchauffe, de perforation ou de mauvaise gestion électronique. C’est pourquoi tous les appareils modernes intègrent des circuits de protection sophistiqués, appelés BMS (Battery Management System), destinés à limiter ces risques.
La batterie solide, un futur en gestation
La batterie dite « à électrolyte solide » remplace ce liquide fragile par un matériau solide, qu’il soit céramique, polymère ou à base de sulfures. Cette différence structurelle change profondément la conception. En supprimant l’élément inflammable, elle offre une sécurité accrue, puisque le risque d’incendie est considérablement réduit. Elle ouvre également la voie à des densités énergétiques plus importantes.
Certains prototypes atteignent déjà des valeurs deux fois supérieures à celles des meilleures batteries lithium-ion actuelles, ce qui signifie, en théorie, une autonomie doublée pour un smartphone ou une voiture électrique. Enfin, la stabilité des matériaux solides favorise une durée de vie plus longue, avec des cycles de charge et de décharge pouvant être multipliés par deux, voire par trois.
Les obstacles qui freinent la généralisation
Aussi prometteuse soit-elle, la batterie solide reste encore expérimentale. Sa fabrication industrielle est complexe et coûteuse, les procédés actuels ne permettant pas une production à grande échelle. Les tests montrent également des limites en conditions réelles : certaines cellules se fissurent après plusieurs centaines de cycles, ce qui dégrade les performances.
Par ailleurs, certaines chimies nécessitent encore une température de fonctionnement élevée pour libérer tout leur potentiel, ce qui constitue un frein pour des usages quotidiens comme les smartphones ou les drones. Les géants du secteur, qu’il s’agisse de Toyota, Samsung ou CATL, annoncent des percées régulières, mais la disponibilité massive de cette technologie semble encore repoussée à la fin de la décennie.
Lithium-ion et solide face à face
Pour mieux comprendre les différences, il est utile de mettre en parallèle les caractéristiques principales.
Critère | Batterie lithium-ion | Batterie solide |
---|---|---|
Électrolyte | Liquide, inflammable | Solide, non inflammable |
Densité énergétique | 150–250 Wh/kg | 300–500 Wh/kg (potentiel) |
Sécurité | Risque d’emballement thermique | Sécurité renforcée |
Durée de vie | 1 000–2 000 cycles | 2 000–5 000 cycles (estimé) |
Vitesse de recharge | 30–60 minutes en rapide | 10–20 minutes possibles |
Coût actuel | Maîtrisé, en baisse | Très élevé |
Disponibilité | Production de masse | Phase pilote, prototypes |

Les secteurs les plus concernés
Si la batterie solide tient ses promesses, ses applications seront multiples. Dans l’électronique grand public, elle pourrait permettre à un smartphone de tenir deux jours complets avec une recharge en quelques minutes seulement. Dans la mobilité électrique, les constructeurs automobiles misent sur elle pour offrir une autonomie augmentée de 50 à 80 % tout en réduisant les temps d’arrêt aux bornes de recharge. Les drones et les appareils aériens légers sont également en ligne de mire, car chaque gain en densité énergétique se traduit directement par des minutes supplémentaires de vol, un facteur décisif dans la photographie aérienne et la logistique.
D’autres alternatives à l’horizon
Il serait toutefois réducteur d’opposer uniquement le lithium-ion classique et la batterie solide. D’autres pistes technologiques sont explorées pour dépasser leurs limites. Les batteries lithium-soufre, par exemple, promettent une densité énergétique encore plus élevée et utilisent du soufre, un matériau abondant et peu coûteux. Les batteries sodium-ion, actuellement en développement, misent sur l’abondance du sodium pour réduire la dépendance au lithium, ce qui les rend particulièrement attractives pour les marchés où le coût prime sur la performance.
Certaines entreprises étudient également les batteries aluminium-air ou magnésium-ion, qui, si elles tiennent leurs promesses, pourraient offrir des autonomies inédites. Enfin, à plus long terme, la recherche s’intéresse aux supercondensateurs et aux piles à hydrogène miniaturisées, qui pourraient révolutionner la manière de stocker et délivrer l’énergie. Ces alternatives sont encore moins avancées que la batterie solide, mais elles rappellent que l’avenir ne se résume pas à une seule technologie.
Que retenir ?
La batterie lithium-ion reste aujourd’hui la technologie la plus efficace et la plus largement produite. Elle continue d’évoluer avec des améliorations incrémentales, notamment dans la chimie des électrodes, qui repoussent ses limites. La batterie solide, quant à elle, représente un tournant technologique majeur. Elle combine sécurité, performance et longévité, mais reste freinée par les défis industriels et économiques.
On peut dire que la batterie lithium-ion est le présent consolidé, tandis que la batterie solide est le futur espéré. Pourtant, l’avenir pourrait se montrer plus diversifié, en intégrant d’autres technologies comme le lithium-soufre, le sodium-ion ou même l’hydrogène. La véritable question n’est donc pas seulement de savoir quand la batterie solide s’imposera, mais de déterminer si elle sera la seule à incarner la prochaine génération de stockage d’énergie.
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