Filmer sous l'eau
Plonger avec une caméra transforme la façon de raconter une scène : les couleurs, la lumière, la densité du milieu, la vie qui s’anime autour donnent des images souvent plus puissantes et mystérieuses que sur terre. Mais l’environnement marin impose des contraintes techniques fortes. Regardons, de manière pratique et technique, pourquoi ces contraintes existent, comment les fabricants et les créateurs y répondent aujourd’hui, et quelles innovations rendent l’imagerie sous-marine plus accessible et qualitative en 2025.
L’eau n’est pas neutre face à la lumière. Elle absorbe et diffuse différemment chaque longueur d’onde. Les rouges et oranges disparaissent très vite ; à quelques mètres de profondeur vous perdez déjà les rouges, et au-delà de 20–30 mètres ne subsistent que les bleus et verts. Cette atténuation spectrale explique l’aspect « bleu » ou « vert » des photos prises en plongée sans correction. Par ailleurs, la diffusion (turbidité) réduit le contraste et la netteté selon la quantité de particules en suspension. Ces faits ont été synthétisés et vulgarisés par des organismes marins et guides scientifiques consacrés à la lumière et la couleur en milieu océanique.
Cette caractéristique fondamentale conditionne trois réponses techniques principales : apporter de la lumière (projecteurs/strobes), compenser la perte colorimétrique (correction en prise de vue ou post-traitement) et protéger le capteur/optique du milieu (housings, joints, traitements anti-buée).
Les action cams (GoPro, DJI, Insta360) offrent une étanchéité native pour des immersions peu profondes (souvent jusqu’à 10 m sans boîtier selon le modèle), puis peuvent être utilisées avec des caissons étanches pour des plongées plus profondes. Les fabricants communiquent des limitations d’étanchéité et proposent des caissons capables de résister à des pressions correspondant à 40–60 m ou plus selon les accessoires. Pour des appareils photo hybrides ou reflex, l’achat d’un boîtier sous-marin est la norme : ces boîtiers (Nauticam, Ikelite, Sea&Sea, etc.) sont conçus pour permettre l’usage de grands capteurs et d’objectifs interchangeables à des profondeurs professionnelles (souvent 60–100 m pour les boîtiers haut de gamme).
Les boîtiers sont des enveloppes mécaniques avec joints toriques, valves de purge, commandes mécaniques ou électroniques qui reproduisent les commandes de l’appareil. Les boîtiers pro affichent des « depth ratings » allant couramment à 100 m et plus ; ils sont testés à la pression correspondante et souvent fournis avec des recommandations d’entretien pour éviter les infiltrations. Nauticam, par exemple, propose des housings avec des cotes de 100 m pour certains boîtiers full-frame. L’IP rating (classement international d’étanchéité) indique la résistance aux immersions mais il ne remplace pas les spécifications de profondeur et la maintenance régulière des joints.
Pour réintroduire les couleurs perdues et rehausser le contraste, l’éclairage est indispensable. On distingue les flashes/strobes (impulsions courtes, puissantes — utiles en photo macro ou pour « geler » le mouvement) et les lampes continues (utiles en vidéo). Les techniques de placement d’un ou deux strobes, avec réglage différentiel de puissance pour créer du modelé, sont des pratiques établies dans le milieu professionnel. Les guides récents et les experts de la photo sous-marine insistent sur l’importance de synchroniser puissance et distance pour éviter les reflets sur les particules et obtenir des couleurs naturelles.
Le premier principe en immersion est de se rapprocher du sujet. Plus vous êtes proche, moins l’eau interposée va absorber et diffuser la lumière, et meilleure sera la netteté. En photo, privilégier des objectifs courts (grand angle) pour les sujets larges ou des optiques macro pour détails, et en vidéo soigner la balance entre lumière ambiante et éclairage artificiel. La balance des blancs manuelle et l’usage de filtres magenta (pour eaux vertes) ou rouge/orange (pour eaux tropicales) sont des méthodes éprouvées, tandis que la correction colorimétrique en post-production permet d’affiner la restitution des tons.
Autre adaptation : la fréquence d’images et la stabilisation. En vidéo, des cadences hautes (60 ips et plus) permettent des ralentis fluides et compensent de petits mouvements. Les technologies de stabilisation — gimbals étanches, stabilisation interne (« hypersmooth/flowstate ») ou stabilisation logicielle en post — améliorent considérablement l’ergonomie et le rendu, notamment en action cam. Les choix dépendent du plan : plongée libre (snorkel), plongée en bouteilles, plongée sous-marin technique avec courant — chacun impose une approche différente.
Usage | Solution matérielle recommandée | Profondeur typique | Points forts | Limites |
---|---|---|---|---|
Snorkeling / famille | Smartphone ou petite action cam sans boîtier (IP68) ou avec caisson léger | 0–10 m | Facile, compact, bon pour vidéos courtes | Perte colorimétrique, optique limitée |
Plongée récréative | Action cam + caisson (GoPro + caisson 60m) ou compact étanche | 0–40 m | Robustesse, bonne stabilisation, large écosystème d’accessoires | Capteur petit = moins de performance en faible lumière |
Photo sous-marine sérieuse | Hybride/reflex + boîtier dédié (Nauticam, Ikelite) + strobes | 0–100 m selon boîtier | Grande qualité d’image, optiques variées, contrôle | Coût élevé, poids, logistique |
Macro / vie fixée | Boîtier avec optiques macro + bras et strobes | 0–40 m | Détails, couleurs, faible distance sujet-appareil | Très technique, nécessite maîtrise des lumières |
360° / immersion VR | Caméra 360 (Insta360 X5, etc.) + caisson si besoin | Selon caméra/caisson | Immersion, interactivité | Stitching, sensibilité au reflet, besoin d’éclairage multiple |
(Le tableau synthétise des pratiques courantes et des plages de profondeur observées dans les gammes grand public et professionnelles — les cotes réelles dépendent du matériel exact et des caissons choisis).
La règle numéro un est une maintenance rigoureuse des joints toriques : rinçage à l’eau douce après chaque immersion, inspection des joints pour micro-entailles, lubrification recommandée par le fabricant et tests de pressure avant les plongées profondes. Un petit test d’étanchéité en bassin ou au robinet avant d’emmener l’équipement en mer peut éviter la catastrophe. Les boîtiers pro proposent souvent des valves de purge et des fenêtres de contrôle pour vérifier l’état du joint ; suivez scrupuleusement les procédures. Les fabricants de boîtiers indiquent les profondeurs maximales garanties et les consignes de maintenance.
Plusieurs avancées modifient l’écosystème de l’imagerie sous-marine :
Ces innovations rendent la pratique plus accessible — mais ne suppriment pas les limites physiques du milieu : la lumière et la turbidité restent les facteurs principaux à gérer.
Pour la vidéo, il est recommandé d’enregistrer en log ou en codec haute qualité lorsque possible pour conserver une marge de correction colorimétrique. L’usage d’un LUT (Look Up Table) conçu pour la correction sous-marine, puis un étalonnage ciblé sur les hautes lumières et le contraste, permet de retrouver des tons plus naturels. En photo, le travail sur la balance des blancs (manuelle à la prise ou en post) et le rétablissement des saturations locales sont des étapes standards. Pour la VR/360°, le stitching nécessite des ressources machines importantes et des corrections d’exposition entre objectifs.
Approchez le sujet au plus près, maîtrisez vos sources d’éclairage, utilisez des filtres et la balance blanche personnalisée, et testez vos réglages avant chaque plongée. Ne sous-estimez pas l’importance de la sécurité : vérifiez vos scellés et l’état mécanique des boîtiers, et emportez toujours un plan de secours (par exemple une seconde carte mémoire ou une petite caméra étanche supplémentaire).
Photographier et filmer sous l’eau combine défis physiques et solutions techniques : la perte de certaines longueurs d’onde par absorption, la diffusion des particules, et la pression imposent des équipements et des méthodes adaptées. Les options vont du simple smartphone en snorkeling aux rigs complets (hybride + boîtier + deux strobes) pour la photo professionnelle. Les innovations 2024–2025 — capteurs basse lumière meilleurs, stabilisations avancées, caméras 360 performantes — facilitent la pratique, mais la connaissance des bases (lumière, distance, entretien des joints) reste indispensable. Investir dans l’éclairage et un boîtier adapté au type de plongée est souvent plus décisif pour la qualité d’image que d’acheter le « dernier capteur » seulement.
NOAA — Light and Color in the Deep Sea (fact sheet). NOAA Ocean Exploration
The NOAA Sanctuaries — Tips for getting perfect underwater photos & videos. sanctuaries.noaa.gov
Nauticam — exemples de housings (depth ratings). Nauticam+1
GoPro Support — profondeur et housings (FAQ communautaire / support). GoPro Community
UWPhotographyGuide — guides sur l’éclairage et white balance. Guide de Photographie Sous-Marine+1
ScubaDiving — Beginner’s guide to using underwater strobes (Nov 2024). Scuba Diving
Articles comparatifs 2025 (Tom’s Guide / Backscatter / Diver’s Supply) sur caméras et caméras 360. Tom’s Guide+2Tom’s Guide+2
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